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Le phénomène Jet Stream et les tempêtes en Europe

March 9, 2022
3-5 min

Dernièrement en février, le Nord de l'Europe a été balayé par 3 tempêtes en l'espace de 4 jours : Dudley, Eunice et Franklin. (Voir le résumé dans notre série HD Weather News : 3 tempêtes en 4 jours en Europe). Mais comment expliquer une telle succession de ces événements en si peu de temps ?

Le scénario est quasiment le même à chaque fois : des dépressions tempétueuses se forment au nord de l'Europe (souvent entre l'Islande 🇮🇸 et les îles Britanniques 🇬🇧) et sont ensuite propulsées par le Jet Stream.

Définition "Jet Stream" (”Courant-jet” en français) : courant aérien rapide dans les couches élevées de la troposphère, au-dessus des zones subtropicales.

Position normale des Jet Stream polaires et subtropicaux dans les hémisphères Nord et Sud.

Les trois tempêtes dont nous parlons en introduction ont été particulièrement violentes, notamment en Angleterre 🇬🇧 avec plusieurs alertes météorologiques rouges (niveau maximal). Aucune alerte de cette intensité n'avait été émise en Angleterre depuis 2016. Les rafales les plus fortes ont été enregistrées dans le pays, atteignant près de 200 km/h !

Les vents les plus forts se sont produits dans le Sting jet, ou “courant jet-d'occlusion” : il s'agit d'une zone réduite (moins de 100 km) de vents extrêmement violents au sein d'une dépression en occlusion.

Définition "Occlusion" : Lorsqu’une dépression atteint sa phase de maturité, il se forme ce qu’on appelle une occlusion. Elle se développe parce que le front froid se déplace plus rapidement que le front chaud. Le front froid ayant rattrapé le front chaud on parle alors de front occlus.

Dans cette situation, le Jet Stream fait le tour de la dépression au moment où elle se développe, le front froid de la dépression s'accélère alors très vite et rattrape le front chaud. La dépression s'enroule, produisant de la convection et des vents très forts.

Comment le Jet Stream influence-t-il le développement des tempêtes ?

Toutes les dépressions ne produisent pas une tempête. L'évolution de ces dépressions en tempête dépend de la structure de l'atmosphère en altitude et surtout de l'état du Jet Stream. Dans le cas de nos trois tempêtes, un puissant vortex polaire génère une zone de basse pression dans l'Arctique, et un Jet Stream plus puissant. Ce Jet Stream a ensuite un impact sur la force et la trajectoire des dépressions qui circulent sur l'Europe du Nord et de l'Ouest : il les rend plus fortes, c’est-à-dire tempétueuses, et les envoie vers les îles Britanniques et le nord de la France.

Il ne s’agit pas là d’une situation exceptionnelle car, à cette période de l’année (janvier - février), le Jet Stream est habituellement assez puissant entre l'Amérique du Nord et l'Europe, ce qui favorise justement le développement de tempêtes. D’ailleurs, février est le 2e mois le plus tempétueux de l'année après janvier pour la France.

Dudley, Eunice et Franklin ont des facteurs communs : elles sont intenses, se succèdent rapidement et touchent les mêmes régions. Mais la succession des trois tempêtes en si peu de temps (4 jours) est une situation plutôt normale. Effectivement, les tempêtes se produisent rarement de manière isolée ; il s'agit d'événements qui ne sont pas indépendants puisqu'ils se forment dans le même flux perturbé.

Une conséquence du changement climatique ?

Selon Météo-France, aucune augmentation de la fréquence des tempêtes en France n'a pas été constatée depuis les années 1980 : « contrairement à d'autres phénomènes météo violents qui sont liés au réchauffement climatique, l'évolution de la fréquence des tempêtes en Europe fait partie de la variabilité naturelle du climat ». Heureusement, la succession de tempêtes et de phénomènes venteux a pris fin sur le Nord de l’Europe, laissant la place à un anticyclone assez puissant.