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Les épisodes méditerranéens

September 21, 2022
6-9 min

Pendant l’été 2022, les alertes pour orages ont vite succédé les alertes pour canicule en France, et particulièrement dans l'arc méditerranéen. On se souvient du violent épisode qui a été très brutal pour la Corse le jeudi 18 août, avec des vents qui dépassaient les 200 km/h, provoquant des dégâts sans précédent en quelques heures ainsi que la mort de 5 personnes.

Pour cet évènement, on parlait beaucoup d’”épisode méditerranéen”. Mais comment le définir exactement ? Quelle différence avec les pluies cévenoles, orages en V, orages multicellulaires, “bow echo”, “comma echo”, ou encore “medicane” ? On vous explique la différence entre ces phénomènes météorologiques.

Épisode méditerranéen

Un épisode méditerranéen est un phénomène météorologique spécifique au pourtour méditerranéen, pendant lequel on voit apparaître une série d’intempéries qui vont se succéder sur une zone, avec des cumuls de pluie journaliers très importants.

Il s’agit donc de violents orages qui naissent de la rencontre entre les remontées d'air chaud et humide provenant de Méditerranée, et des masses d'air froid venant du nord-ouest. Il apparaissent généralement entre septembre et janvier, voire jusqu'en mars pour quelques départements, avec un pic qui se situe souvent entre septembre et novembre, car l’évaporation est plus forte à cause de la mer qui est plus chaude.

Les épisodes méditerranéens regroupent plusieurs types d’autres phénomènes, que l’on définie selon certains critères : les épisodes cévenols, les orages en V, les orages multicellulaires, le “bow echo” et “comma echo”, et le “medicane”.

Épisode cévenol

On parle d'épisode cévenol lorsque le phénomène affecte le massif des Cévennes.

Les orages vont se retrouver stationnaires car ils sont bloqués par les massifs. On va alors voir apparaître des cumuls de pluies très importants pendant 12 à 36 heures, avec 150 à 300 mm d'eau déversée sur une zone très localisée.

Le dernier épisode majeur date de septembre 2020, où il est tombé plus de 700 mm en 12 heures à Valleraugue dans le Gard.

Le même mécanisme se produit sur le reste du littoral méditerranéen, comme dans le Roussillon, en Italie, en Grèce ou encore au Maghreb. Le terme “épisode cévenol” étant localisé au massif français des Cévennes, on parle alors d’”épisode méditerranéen" de façon plus générale pour les autres pays.

Orage en V

Les orages en V sont un autre phénomène de la sous-famille des épisodes méditerranéens. Il s'agit d'un orage stationnaire, qui s'alimente en gagnant du volume de manière durable sur une même zone géographique au lieu de progresser. Son nom provient du fait que, vu de dessus, il semble s'étaler avec une pointe quasi fixe, dont la forme ressemble à un V.

Orage multicellulaire, "bow echo" et "comma echo"

On parle d'orage multicellulaire quand plusieurs cellules orageuses se lient entre elles.

Quand il se déplace lentement, il engendre des pluies torrentielles sur des zones très localisées. S’il est plus mobile, on peut alors voir apparaître de fortes rafales de vent.

Parfois, plusieurs orages multicellulaires convergent et finissent par couvrir une superficie qui peut atteindre plusieurs centaines de kilomètres, on parle alors de “système convectif de méso-échelle” (ou “MCS” pour Mesoscale Convective System).

Lorsque la ligne de grains se déforme et s'étire, le système prend la forme d'un arc (en anglais, "bow echo"). S’il continue de s'étirer il ressemble alors plus à une virgule ("comma echo").

“Medicane” ou ouragan de Méditerranée

Le terme de "medicane" est un mot composé de "hurricane" (ouragan) et de "Méditerranée" ; soit littéralement un “ouragan de Méditerranée”. Il peut aussi être appelé "cyclone subtropical méditerranéen". En réalité il ne s'agit pas d'un ouragan ou cyclone à proprement parler car il est moins puissant que les ouragans de l’Atlantique ou du Pacifique ; il désigne plutôt une tempête extrême.

Il s'agit d'un système dépressionnaire de 200 à 400 km de diamètre. Comme lors d’une dépression tropicale, les nuages s’organisent symétriquement autour d’un axe comme si un œil se formait au centre du système, de la manière d’un ouragan.

Ce phénomène reste assez rare ; Météo-France en recense une dizaine depuis les années 2000.